La boucle infernale de l’anorexie mentale

Je m’appelle Cassandra, j’ai 24 ans et je souffre d’anorexie mentale. Je suis soignante et je travaille de nuit. Je suis cette fille qui adore ou adorait sortir, rigoler et surtout manger. Je me suis trouvée pendant plusieurs années en surpoids. J’ai pensé à perdre quelques kilos pour me sentir mieux dans mon corps, mais à cette période, cette idée n’était pas obsédante.

À un certain moment, tout a basculé et mon anorexie s’est développée due à un syndrome post-traumatique (SPT) suite à un traumatisme que j’ai subi enfant. En janvier 2022, je me suis mise en tête de vouloir maigrir, j’ai commencé à ne plus me supporter, à ne plus pouvoir porter mon corps. Je ressentais beaucoup de dégoût. J’avais besoin de me punir sans savoir pourquoi.
J’ai commencé à m’inscrire à la salle de sport, le mécanisme s’est enclenché : je n’avais pas spécialement d’appétit et quand j’avais faim je me privais, dès que je mangeais, je me forçais à vomir. Le fait d’avoir un estomac vide et de ressentir des douleurs me procuraient du plaisir.

Au début, mes proches étaient contents, car je prenais soin de moi et ça me donnait encore plus l’envie de perdre du poids. Mais pourtant je leur cachais comment j’agissais pour perdre du poids. J’ai perdu 35 kilos en 5 mois et demi, me retrouvant en sous-poids. Une proche m’a alertée sur le fait que j’avais beaucoup perdu en peu de temps, elle m’a dit que je souffrais probablement d’un TCA (trouble du comportement alimentaire). J’ai toujours réfuté ses paroles en lui disant que tout allait bien pour moi. Mais ce n’était pas vrai.
Je devais maigrir encore et encore, je ne pouvais pas me permettre des excès, sinon, dans ma tête, j’allais grossir. J’en ai fatigué mon corps et mon esprit.
C’est devenu un cercle vicieux dont je n’arrivais plus à sortir. Cette boucle infernale m’a fait tomber en dépression car je m’enfermais dans cette maladie mentale et elle me rendait la vie difficile. Je me renfermais sur moi-même, je ne mangeais plus dehors, ni avec ma famille, ni avec mes amis ou encore mes collègues. Je me suis interdit d’aller au restaurant ou d’aller à une invitation de repas, je trouvais toujours une excuse pour ne pas venir ou manger.


Je suis soignante et je travaille de nuit donc c’était assez facile de ne pas manger la journée vu que je dormais. Donc je me cantonnais juste à aller faire du sport dans la journée. Si je n’arrivais pas à atteindre un objectif, je me punissais encore plus fort en m’infligeant des actes plus durs à supporter pour mon corps.
Je prenais des laxatifs en abondance la journée, je faisais beaucoup trop de sport alors que j’étais déjà épuisée.
Je souffre de dysmorphophobie : je me vois en tant qu’obèse, alors que je suis encore très mince. Quand on lutte contre un TCA, on lutte aussi contre nos proches qui essayent de nous aider. Ils se soucient ou se culpabilisent d’être impuissants, de n’avoir rien remarqué, ou encore d’être dans l’inconnu face à la maladie. J’ai commencé à guérir et j’ai compris que j’étais malade quand j’ai accepté ma maladie et l’aide des professionnels et de mes proches.

Tout le monde peut être touché par une maladie, qu’elle soit physique ou psychologique. Que vous soyez jeune ou âgé, riche ou non. Il ne suffit pas de manger comme certaines personnes le prétendent ; c’est beaucoup plus complexe que ça, il ne suffit pas d’un régime, c’est un long processus à mettre en place pour sortir de cette maladie. Il ne faut pas hésiter à demander ou à accepter l’aide d’un proche et d’un professionnel, ou d’apporter votre aide à vos proches. Même si cela peut paraître compliqué, se soigner c’est déjà accepter que nous sommes malades et accepter que l’on a besoin d’aide.

Les TCA sont des maladies graves et éprouvantes pour le corps mais aussi pour l’esprit. Ces maladies font souffrir le malade mais aussi les proches. Entourez-vous des bonnes personnes et sachez que vous n’êtes jamais seul face à ces maladies. Des aides existent. Ce serait une erreur que de considérer notre corps comme une simple enveloppe.

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