Festival de jazz internationalement reconnu a fait son grand retour pour sa 35ème édition, dans la Nièvre. Nous avons enfin pu, après le COVID, assister aux nombreuses divagations musicales.
Le festival s’est déployé dans des lieux emblématiques de Nevers comme le Petit Théâtre, La Maison, ou dans le nouveau Café Charbon.
Bien installés sur nos fauteuils nous avons goûté au son des instruments, sortis pour nous émerveiller. Roger Fontanel a été administrateur de La Maison de la culture. La création du festival s’est d’ailleurs faite en 1987 où il a d’abord été bénévole. “Tout est possible, il n’y a pas un parcours particulier.”, affirme-t-il. Roger Fontanel vient d’un milieu très populaire au Creusot, où son père était ouvrier. Il a eu la chance plus jeune de fréquenter un centre culturel. S’il avait suivi le chemin de son père, il serait allé à l’usine. Il a choisi de faire sa vie dans la culture: “J’ai décidé de tracer ma route, comme je l’entendais. J’aime ce que la culture permet”. Selon lui, elle devrait être “gratuite pour toutes et tous.” C’est elle qui permet de contrer certains discours d’extrême droite (racistes, antisémites.) et de se créer des avis ainsi qu’une richesse de savoirs “Il faut réussir à comprendre les slogans extrémistes et il faut surtout tous les détourner. L’étranger n’est pas le bouc émissaire de ce qu’il se passe.”
“Le covid a dit, d’une certaine façon, que la culture était non-essentielle puisque toutes les manifestations artistiques étaient bannies.Tous les lieux culturels étaient fermés. Tous les créateurs étaient dans l’incapacité d’exercer leur métier. Elle est pourtant celle qui nous fait rêver et voyager.” affirme Roger Fontanel.
“Le jazz a dans son essence des sonorités qui viennent d’ailleurs. En clôture du festival, on retrouve d’ailleurs Machado, un musicien qui est pétri de ses origines.” Le jazz est très souvent caricaturé. Pourtant, selon ce mélomane, il y a “plusieurs jazzs, avec une véritable richesse et diversité.” La scène actuelle est d’ailleurs maintenant très riche, elle s’ouvre petit à petit vers les femmes. Plusieurs grandes figures féminines s’approprient la trompette comme Airelle Besson, Sophie Alourd, Julie Savry, …
“Nous créons des temps de rencontre entre les jeunes des artistes de jazz, hommes et femmes.” explique Roger Fontanel. En effet,
lors du concert « Connexions » six jeunes du centre social des Courlis sont venus réaliser un projet autour de ce spectacle. Plusieurs concerts scolaires sont également organisés par le festival D’jazz Nevers. L’objectif c’est de toucher les jeunes un maximum, car, selon l’initiateur du festival, le jazz permet de s’émanciper, de créer sa propre identité, mais aussi de développer son regard critique “Les jeunes s’éveillent grâce à différentes institutions qui jouent les rôles d’éducation artistique et culturelle. Il faut que les structures continuent de s’impliquer dans l’éveil des consciences.”
Le festival est aussi l’occasion de monter des projets en EHPAD “Les sonorités leur rappellent l’émotion de leur jeunesse, leur mari, leurs enfants, ces concerts intimes permettent de mieux vivre la situation difficile de la vieillesse.”. Sans oublier les actions en direction des prisons. Le festival tend à s’étendre vers le public empêché. Autant d’événements nécessaires pour le créateur du D’jazz Nevers.
“Tout est possible. Même si nous ne sommes pas touchés par l’art, nous pouvons toujours trouver des tuteurs qui se chargeront de nous. L’éducation doit être permanente et centrale.” Il faut donc apprendre à l’apprivoiser. Plusieurs joueurs de jazz viennent de la communauté des Manouches et perpétuent une tradition orale.
MOON LYSA, UNE CHANTEUSE NIVERNAISE EN RECONVERSION
Sandrine Nicolas, sous son nom de scène Moon Lysa, est psychologue de formation. La psychologie était une evidence pour elle mais elle n’a jamais oublié son rêve d’enfant : devenir chanteuse. Elle a donc pris des cours de chant plus jeune puis s’est rapprochée d’Alban Landais, compositeur, musicien et chanteur. “Lorsque je l’ai rencontré, tout s’est éclairci” précise-t-elle. Elle veut donc adresser à son auditoire des messages positifs “La chanson c’est une façon d’aider les gens, mais d’une façon encore plus intime et prenante.”
Sandrine Nicolas donne encore des consultations de psychologue mais la figure de Moon Lysa semble prendre le dessus. Elle a achevé son premier album “Virgo Rainbow”. La pochette de l’album et les musiques insufflent d’ailleurs un air de douceur. À travers des chansons comme “We are all the same”, elle prône l’égalité et affirme une féminité engagée. La chanteuse est influencée par la folk,
la pop et par les chansons celtiques. Moon Lysa est sensible au duo guitare/voix. Elle a également des origines espagnoles d’où son interprétation de la chanson “Maria”, écrite en espagnol. “Quand j’écris, ça vient tout de suite en anglais, c’est comme une évidence. Je veux que mes chansons soient universellement comprises.” Chanter en anglais c’est se faire comprendre par tous et toutes? Quant au titre de l’album “Virgo”, il représente la vierge et le féminin sacré. Comme son nom de scène car la lune est pour elle “synonyme d’un rayonnement féminin”. Elle est très attachée au Département de la Nièvre, c’est pour elle “une terre d’ancrage”. Même si ses origines aveyronnaises et espagnoles la rattrapent, elle ressent toujours le besoin de revenir dans le coin. Elle prépare une tournée dans la Nièvre dans les mois à venir. Moon Lysa se sent capable de poursuivre sa carrière dans la musique. “La vie est très courte, il faut en permanence nous poser la question : qu’est-ce qui me rend heureuse ? A n’importe quel âge il est possible de se reconvertir, il faut écouter son coeur et son intuition. Le secret, selon moi, c’est d’apprendre à se connaître.”
