L’équipe du Mag Jeunes est allée à la rencontre de Pirate Baratte, un média réalisé par et avec les 11-14 ans du Centre socioculturel de la Baratte, dans le quartier des Courlis, à Nevers. Ils créent des podcasts, des interviews, des micro-trottoirs et diverses publications. Impliqués, matures et très intéressés par des sujets variés, les jeunes de Pirate Baratte veulent s’engager pour aider les plus fragiles. Ce sont des inspirations pour la jeunesse nivernaise.
Animés par des valeurs humaines très fortes, forces de propositions, déterminés à aller contre toutes les formes de discriminations, ils nous expliquent un projet qui a vu le jour en 2022.
Nous avons découvert Ema, Siham, Sirine, Enissa, Priscillia, Leyna, Aminata et Tayla. Huit jeunes filles qui nous ont à la fois expliqué leurs envies concernant les perspectives de Pirate Baratte, mais aussi le déroulé d’un projet qui leur tient à cœur : un projet solidaire avec les Restos du Cœur basé sur le jeu « Troc patate ».
En juillet 2022, les jeunes ont organisé un troc de patates en ville. Ils sont partis avec six patates pour les échanger contre « n’importe quels objets, de plus ou moins grande valeur ». Ils se sont promenés en ville et sont allés à la rencontre des commerçants. À Nevers, ils ont eu une assiette de la Faïencerie Georges, des lunettes : « Les gens ne nous ont pas trop recalés. » Avec pugnacité, ils ont réussi à repartir avec plusieurs objets.
En 2023, ils ont troqué encore plus d’objets afin d’organiser une tombola lors de la fête de quartier du Centre socioculturel de la Baratte. Les huit filles présentes lors de la rencontre soulignent : « On a fait gagner tous les objets lors de la tombola ! »
L’argent récolté a servi pour acheter des produits de première nécessité pour les personnes dans le besoin ; ces produits ont ensuite été donnés aux Restos du Cœur.
Emma et Enissa, fières d’avoir pu participer, réagissent : « Au fur et à mesure des années, il manque beaucoup de choses. Les Restos du Cœur sont obligés de restreindre les dons de produits de première nécessité. Il faut donc les aider en donnant ce qu’on peut. »
La discussion s’est ensuite tournée autour de leurs ressentis. Chacune exprime son dévouement, son envie d’être altruiste : « On a fait de notre mieux, il faut faire plus d’actions comme ça. » La fierté se lit dans leur regard : « On a réussi à aider d’autres personnes, à la fois des bébés, des enfants mais aussi des personnes âgées qui sont dans le besoin ».
Paroles des jeunes
Sirile : « J’ai envie de recommencer ! »
Ema : « Je ressens de la fierté, on n’a pas aidé que les Restos du Cœur, on a aidé des familles derrière. »
Enissa : « Je n’étais pas encore arrivée à ce moment-là mais c’est une très bonne initiative. On devrait faire ça dans plusieurs autres centres. J’espère que l’on pourra influencer les autres jeunes, je suis fière de cette initiative. »
Priscillia : « C’est bien qu’on ait fait ça, on ne fait pas ça souvent, je pense que lorsqu’on a les moyens d’aider, il faut le faire, on est obligés de voir ce que les autres traversent et d’aider. On prend la parole pour ceux qui ne peuvent pas. »
Aminata : « On a bien agi, on s’est bien battus, grâce à nos animateurs, ça ne se serait jamais passé, on aimerait recommencer. »
Leyna : « C’est une très bonne initiative. Ça nous a fait découvrir des nouvelles choses, ça nous a permis d’aider les gens. »
De manière générale, la belle cohésion du groupe se fait sentir. Enthousiastes et dynamiques, réfléchies et prêtes à agir, les huit jeunes filles rencontrées montrent que la jeunesse nivernaise est pleine de ressources.
« On est les adultes de demain »
Les jeunes de Pirate Baratte sont toutes d’accord : ce projet solidaire est inspirant. « Ça donne un exemple aux jeunes de notre âge, on est trop peu à agir comme ça. Ce qui fonctionne, c’est de faire des projets sur le ton de l’humour, on peut plus agir et influencer les autres avec la bonne humeur, sans forcément se prendre au sérieux. Ici, on ne s’ennuie pas, on essaye de tourner tous les sujets difficiles sous un autre angle. Ça nous motive à continuer, à faire plus de projets pour les autres en difficultés. »
Pour elles, il faut continuer cette dynamique qui permet d’apporter une aide non négligeable à des personnes dans le besoin : « On aide les jeunes bien sûr mais aussi les seniors », dit l’une. « Si on fait ça, c’est aussi parce qu’on est les adultes de demain, on veut continuer à vivre mieux dans la Nièvre. »
Pirate Baratte vise à croître. Les jeunes investis dans ce projet veulent être écoutés ; ils ont un impact sur le territoire et parlent de sujets d’actualités, des problématiques qui touchent la jeunesse. Valoriser ces initiatives, c’est prendre en compte leurs paroles : « Grâce à notre projet, grâce aux podcasts, on est plus écoutés, on est pris en compte, on peut s’exprimer et dire ce qu’on pense, on peut également avoir l’avis des personnes, car on fait régulièrement des micro-trottoirs. On voyage pour avoir l’avis des gens. J’espère qu’on va prendre exemple sur nous ! »
« Une deuxième famille »
L’équipe a déposé un projet au Budget participatif jeunesse. Dans les locaux du Centre socioculturel, un bureau est inoccupé ; ils veulent y installer un studio où ils vont pouvoir créer les podcasts, avec tout le matériel son. L’idée, c’est que Pirate Baratte se développe. Les jeunes nous encouragent à voter pour eux, avant la clôture du scrutin, le 30 novembre : « il faut voter pour nous car Pirate Baratte ce n’est pas que des projets, c’est une deuxième famille, c’est un endroit pour se sentir bien ! »
Le centre socioculturel a coédité Éco Courlis, un livre né d’un projet d’éducation populaire pour les jeunes du Centre socioculturel de la Baratte. L’objectif était d’imaginer un écoquartier fictif dans le quartier des Courlis, à Nevers. À travers plusieurs initiations (architecture, urbanisme, jardinage, édition), les enfants ont pu réfléchir à l’aménagement de cet espace, rendu disponible après la démolition de certains bâtiments. Ce projet a également permis de consulter et d’impliquer l’ensemble des habitants dans la réflexion sur l’avenir du quartier.
Pirate Baratte est à découvrir sur les réseaux sociaux :
https://www.instagram.com/pirate.baratte/