Interrogés par l’équipe du Mag Jeunes, les jeunes Nivernais se sont exprimés sur leurs ambitions. Si certains montrent leur implication en faisant des propositions concrètes, cette volonté de prendre des initiatives est contrebalancée parfois par le pessimisme ambiant. C’est le cas de lycéens d’Alain-Colas, qui l’affirment : ils ont peur et ils ne sont pas les seuls.
Les collégiens élus du Conseil départemental jeune et citoyen (CDJC) ont ainsi confié leurs angoisses au journaliste Simon Rico, venu prodiguer ses conseils sur la prise de parole en public lors de la session plénière du 9 avril. L’anxiété qui pèse sur l’ensemble de la société française n’épargne pas la jeunesse nivernaise, exposée à des récits médiatiques « maladifs » et omniprésents.
Les jeunes peinent à rêver car on ne leur ouvre aucune fenêtre positive. Certains ont du mal à se projeter dans un futur désirable – et même un futur tout court. Le contexte politique, français et mondial, médiatique et climatique rétrécit l’horizon.
Face à cette inquiétude, la jeune génération nivernaise a besoin d’être consciente du contexte dans lequel elle se trouve. Elle est en mesure de prendre des décisions concernant le territoire dans lequel elle vit. L’équipe du Mag Jeunes a donné la parole à des jeunes élus qui ont imaginé des propositions concrètes en lien avec leurs engagements et leurs valeurs.
Éducation, lien social, activités extra-scolaires, mobilité : ce qu’attendent les jeunes du CDJC
Adrien Moreau, La Charité-sur-Loire
« Je propose que le Département recrute des professeurs qui pourront se déplacer dans les différents établissements de la Nièvre afin d’aider les élèves en difficulté. L’idée c’est de pouvoir avoir « des professeurs volants » en fonction de différents secteurs. Beaucoup de jeunes peinent et n’ont pas les clés pour réussir dans le parcours scolaire classique. «
Comment les élèves pourraient-ils accéder à ce dispositif ?
L’idée serait de créer une plateforme où les jeunes et les responsables légaux peuvent inscrire les élèves.
Est-ce pour tous les élèves ?
« C’est pour tous les élèves, pour toutes les familles et surtout selon les besoins. On priorisera les élèves qui sont en échec scolaire et en perte de repères.
Lola Dubois, Cosne-sur-Loire
« Dans le département, il faudrait un grand espace transgénérationnel où toutes les générations se rencontrent afin de faire des activités ensemble : un espace pour les tout petits, pour les adolescents mais aussi pour les personnes âgées. C’est important de créer du lien et de développer une communication entre tous. Tout le monde pourrait vivre en communauté. »
Comment imagines-tu les espaces ?
Je les imagine avec un grand jardin, un bar avec un espace de jeux à côté. Dehors, des tables de pique-nique, des activités pour tout le monde à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. Ce serait aussi un espace de vie où l’on peut lire, exposer, se rencontrer, faire des ateliers… Il manque des espaces où les gens peuvent se retrouver.
Quel serait leur objectif ?
L’objectif de cette démarche serait de créer un territoire davantage solidaire, plus uni et soudé.
Achille Colpaert, La Charité-sur-Loire
« Il faudrait qu’il y ait plus de personnels éducatifs, plus de moments d’aide aux devoirs, et davantage de tutorat entre les élèves. »
Baptiste Gaudry, Donzy
« Ce serait bien de restaurer les terrains où l’on peut faire du sport. Il y a une dégradation et un manque d’investissement à ce niveau-là. Pour ma part, je suis passionné de cross et je ne peux pas en faire près de chez moi. Ce serait bien de créer davantage de clubs dans des communes plus rurales. »
Arthur Cosson, Cosne-sur-Loire
« Ce serait bien de développer un événement où toutes les associations sportives se rencontrent afin qu’on soit au courant des activités que l’on peut faire en dehors du temps scolaire. »
Eve Michot, Pouilly-sur-Loire
« Je propose que l’on mette en place un circuit de bus dans tous les villages de la Nièvre à destination de Nevers, car c’est la ville où il y a le plus de choses à faire : expositions, cinéma, théâtre, salle de concert, médiathèque, etc. Et quand on est de Pouilly-sur-Loire, on ne peut pas assez se déplacer. Quand on n’a pas le permis, c’est compliqué d’aller plus loin ! »
De quelles manières cette navette serait-elle mise en place ?
– « On pourrait mettre en place une réservation en ligne ; les trajets seraient fixés auparavant. Je propose que l’on crée des abonnements avec un forfait. »
Shannon Le Berre, La Charité-sur-Loire
« Je propose que l’on développe un cinéma mobile qui se déplacerait dans les villages. Je pense qu’il est essentiel que la culture vienne à nous.
Il y a déjà un programme qui s’appelle Ciné-vignes, à Pouilly-sur-Loire. Pourquoi ne pas développer ce format dans d’autres villages de la Nièvre ? Il faudrait que ce soit facilement aménageable, que cela s’adapte à différents lieux ou espaces. »
Louisa Ouhyan, La Charité-sur-Loire
« Pour moi, l’objectif c’est que les gens se sentent bien dans leur collège, et ce n’est pas toujours le cas. Il faut continuer l’amélioration des locaux ; le cadre de vie ne donne pas envie. »
Pierre Poirier, Pouilly-sur-Loire
« L’aménagement sportif du territoire est détérioré. Il n’y a pas assez de city stades dans toutes les villes pour jouer au ballon ; il n’y a pas assez d’endroits où on peut s’amuser et se retrouver entre jeunes. »
Emma Archenault, Donzy
« Je veux faire de la politique, mais je ne sais pas si je veux rester dans la Nièvre. Il y a peu de commerces de proximité ; les petites villes sont de plus en plus désertes. Elles ont du charme, certes, mais il n’y a pas assez d’attractivité. »
La solidarité et l’altruisme, valeurs de la jeunesse
Ces propositions sont fortes et montrent la maturité des élus du CDJC. Ces idées peuvent qu’il est possible de s’appuyer sur la jeunesse directement, en la concertant. Les jeunes interrogés ont besoin de se sentir responsables d’idées qui pourraient aider le plus grand nombre. Les propositions évoquent toutes des valeurs liées à la solidarité et à l’altruisme. Les jeunes citoyens démêlent également la réalité en essayant de comprendre d’où viennent les problèmes.
Face au manque d’informations, quelles solutions ?
Livio Fillot, Emma Carouge, Méryl Grisard, Agathe Henry et Lauryne Ribérol, élus du secteur de Decize, ont partagé leur expérience du manque d’informations pour les jeunes dans la Nièvre. Ils ont entre 12 et 13 ans et se sont vus confrontés à cette réalité. Paroles.
« Beaucoup de personnes n’ont pas accès à l’information. Les jeunes, mais aussi les personnes âgées qui n’ont pas forcément accès à Internet. Nous proposons donc d’atteindre un public plus large en mettant des affiches informatives dans certains lieux (les plus fréquentés) pour les personnes âgées ou autres. De plus, la formation de personnes compétentes pour informer les personnes serait une très bonne alternative.
Nous avons abordé différentes problématiques lors d’une réunion du CDJC. Nous avons choisi de nous centrer sur la thématique de l’information, notamment pour l’orientation des jeunes.
En effet, le manque d’informations concernant les études supérieures est grandissant. Nous allons arriver au lycée et nous ne sommes pas assez accompagnés ; nous sommes constamment anxieux et préoccupés. On nous demande de savoir ce que l’on veut faire, mais nous n’avons pas les ressources pour effectuer les démarches.
Nous proposons donc des alternatives et solutions comme la mise en place d’une interaction dans les établissements entre les jeunes élus et les collégiens pour aborder la problématique des orientations.
Dans le cadre des concertations avec la jeunesse nivernaise, où plus d’une centaine de jeunes se retrouvent pour dialoguer avec les élus, nous remarquons qu’il en ressort, à chaque fois, différentes problématiques qui peuvent se rejoindre. C’est un constat : les études supérieures peuvent être un frein pour les territoires isolés malgré les différentes possibilités dans le territoire.
Faciliter l’accès aux études supérieures
Pourtant, dans le département, différentes opportunités de formation existent, Cloé Rwere, Maëlys Bourgy, Nora St Jean, Perrine Limon, Louisa Duperrier Machetel, Quentin Aubry ont fait les recherches.
- Le Campus connecté, situé à l’Inkub (Nevers), permet à de nombreux jeunes Nivernais d’accéder aux études supérieures, tout en restant dans le département.
- La faculté de Droit de Nevers
- 1ère année de médecine : le Parcours d’accès spécifique santé (PASS), à Nevers
- Institut paramédical des métiers de la rééducation (IPMR), à Nevers : ergothérapie, masso-kinésithérapie et psychomotricité
- École supérieure des arts appliqués de Bourgogne (ESAAB), à Nevers
- Institut supérieur de l’automobile et des transports (ISAT), à Nevers : école d’ingénieurs en automobile, aéronautique et transports
- Institut de formation en soins infirmiers (IFSI), à Nevers
- Campus des métiers à Marzy
Certains jeunes, comme nous, ont exprimé la difficulté de pouvoir se déplacer pour prétendre aux études qui ont un certain coût dans la Nièvre.
Voici ce que l’on propose : l’idée serait de mettre en place un guide qui recense toutes les formations disponibles dans le territoire nivernais. Ce guide sera obligatoirement distribué aux élèves en fin de 4e et mis à disposition dans les établissements (collèges, lycées) pour les jeunes qui en ressentent le besoin.
Pour les mineurs, un système de colocation serait mis en place avec un règlement à déterminer ; des accompagnants seraient disponibles en cas de besoin. Pour les jeunes ne souhaitant pas être en colocation, un système de covoiturage serait instauré. Toutes ces informations économiques et écologiques seraient inscrites dans le guide.
La problématique de la mobilité a également été relevée. Nevers n’étant pas au centre de la Nièvre, certaines distances pour rejoindre la ville peuvent être conséquentes. Ce serait bien qu’il y ait la création d’une application sur le téléphone portable afin de voir tous les moyens de mobilité disponibles.