La jeunesse est l’âge des possibles et des expérimentations. Celui des engagements et des choix. C’est une période d’apprentissage des responsabilités, d’accès à l’indépendance et de la construction identitaire de l’autonomie. La jeunesse nivernaise se rend compte, réagit et se confronte aux inégalités sociales. Loin d’être homogène, elle veut faire entendre sa voix. Elle s’exprime haut et fort sur ses besoins et envies dans les rencontres d’Imagine la jeunesse. En témoigne la soirée qui s’est tenue à Clamecy, le 12 mars.
Le Conseil départemental souhaite donc se mobiliser auprès des jeunes, afin de les rapprocher du jeu démocratique pour les entendre sur leurs vulnérabilités. Il est important de s’intégrer aux démarches d’Imagine la jeunesse, afin de pouvoir faire évoluer le contenu des décisions du territoire. Ces rencontres renforcent le fonctionnement démocratique ; les jeunes comprennent la nécessité de prendre part aux initiatives politiques du département.
Imaginer la jeunesse, c’est avant tout investir ce public ressource dans les décisions afin de bâtir ensemble l’avenir de notre société locale. Chaque année, le Département a choisi d’établir des rencontres intimes, envahies de doutes parfois mais aussi porteuses d’espoir. Venant de tous les horizons possibles, les jeunes rencontrés se livrent sans pudeur, avec une rage de vaincre et d’y arriver.
Les voix singulières du lycée professionnel du Mont-Châtelet à Varzy :
Afin de constituer un nouvel espace territorial serein avec Imagine la jeunesse, nous sommes allés à la rencontre des jeunes du lycée du Mont-Châtelet, à Varzy. Nous avons rencontré des jeunes aux trajectoires uniques et singulières. Ils ont des attentes mais des besoins qui se confrontent à la réalité du territoire.
Cet établissement public situé à Varzy propose plusieurs formations comme la construction en bois, la chaudronnerie industrielle, la serrurerie-métallerie, la ferronnerie d’art, du CAP au brevet des métiers d’art.
Nathanaël, 13 ans, Jessy, 14 ans, Yanis, 13 ans et Emma, 14 ans, venant tous de la Nièvre, nous ont rencontrés afin d’échanger ensemble sur Imagine la jeunesse. Quelles sont leurs volontés ? Leurs aspirations ? On leur a demandé de mettre en pause leur statut d’élèves, assis à une table de classe à écouter les professeurs. Cette fois-ci, c’est à eux de prendre la parole.
Yanis, collégien et fils d’agriculteur, se lance. Il sait où il veut aller, sûr de lui, sa voix est claire. Mature et fier de son territoire, c’est un défenseur de la Nièvre : « J’aime la tranquillité et la liberté que j’ai ici. Plus tard, j’aimerais reprendre l’exploitation agricole de mon père, j’aime ce mode de vie et c’est un milieu que je connais par cœur. Je sais qu’il y a le lycée agricole de Challuy, alors pourquoi ne pas y aller ?! Mais j’aimerais aussi aller me former ailleurs pour mieux revenir et apporter mon savoir dans la Nièvre. »
Emma insiste elle aussi sur le bien-vivre nivernais, elle souhaiterait par la suite aller au lycée horticole afin de continuer dans le domaine de l’équitation. Elle veut rester dans la Nièvre.
Certains veulent rester, d’autres veulent partir pour mieux revenir, et d’autres se heurtent à des problèmes concrets dans un territoire vaste et rural. Autre public, autre ambiance. Les élèves de 1ère bac professionnel Serrurerie-métallerie se retrouvent plutôt coincés en termes de stages. Mohammed, Elowane, Axel, Cameron se confrontent à la réalité : tous doivent faire des stages mais peu trouvent des opportunités. Ils doivent faire six périodes de stages pendant les trois années de formation. La mobilité est un frein pour la recherche. Ils souhaitent ensuite se mettre à leur compte.
Rencontre avec Gabin Delacour, jeune passionné de ferronnerie d’art
C’est ensuite Gabin Delacour, 20 ans, originaire de Cosne-sur-Loire, qui est venu nous voir. Engagé dans sa formation, passionné, vif et plein d’entrain, Gabin nous a fait une visite des ateliers. En brevet des métiers d’arts Ferronnerie d’art, il nous a décrit l’ambiance dans laquelle il vit et évolue. Bien dotés en matériels et en équipements, les ateliers amènent à l’excellence. Chaque semaine, les élèves évoluent grâce à des master classes.
Son goût pour la ferronnerie d’art, Gabin le doit d’abord à son grand-père. Après avoir expérimenté la chaudronnerie, son destin l’a guidé dans cette formation. Il ne se voyait pas dans un autre endroit. Il aime la Nièvre, il voudrait ouvrir son entreprise sur le territoire. Il n’y a selon lui pas assez d’entreprises de ferronnerie d’art, c’est pourquoi il souhaiterait que la Nièvre soutienne davantage les jeunes voulant s’investir dans des carrières artistiques et/ou culturelles.
Son message d’espoir pour la jeune génération est le suivant : « On peut vivre d’un métier artistique, croyez en vous et en vos passions ! »
Regard sur la rencontre du 12 mars à Clamecy
La mairie de Clamecy a été envahie par des jeunes en pleine effervescence. Plus d’une centaine de personnes, dont de nombreux jeunes, sont venues pour cette deuxième rencontre Imagine la jeunesse. À Clamecy, des jeunes engagés se sont exprimés, parfois timidement, mais toujours avec une envie de partager leurs envies.
« On veut prendre le temps de vous entendre, on ne veut pas le faire à votre place », explique Fabien Bazin, président du Conseil départemental, à l’origine d’Imagine la jeunesse. C’est d’ailleurs la volonté du Département : il faut pouvoir tout dire, sans langue de bois. La « bande des moins jeunes » est présente pour faire la continuité avec les besoins des jeunes. Plusieurs filières professionnelles sont représentées. Besoin de réseau ? De stage ? D’informations concernant les dispositifs d’aides ? Des adultes de tous âges et de tous horizons donnent des idées, des conseils, ils peuvent également accompagner pour différentes démarches d’insertion dans la vie active.
Mais quels sont les rêves et les propositions des jeunes Nivernais pour la Nièvre de demain?
Une première jeune Nivernaise, lycéenne, entame cette rencontre : « Je rêve de me lever dans la Nièvre et de la trouver encore plus belle que d’habitude (…). Je propose de mettre en place des interventions dans les lycées afin de communiquer sur les aides. Il faut donner la chance aux jeunes Nivernais. »
Gabin, jeune lycéen, rêve de devenir kinésithérapeute. Actuellement en section sportive, il demande d’être informé des formations dans la Nièvre. En effet, on peut parfois passer à côté d’aides. Fabien Bazin précise qu’une bourse finance les études de kinésithérapie à condition de s’installer dans la Nièvre pour une durée équivalente à celle de l’aide. Gabin s’exclame : « On ne nous dit pas assez ce qu’il y a autour alors qu’il y a des aides qui sont là pour nous. »
Au-delà des besoins d’informations, certains ont des attentes concrètes face à des problèmes profonds. Les fragilités sont souvent mises de côté et ne sont pas écoutées. Léa, jeune Nivernaise, pousse un cri d’alerte sur la situation des jeunes en situation de handicap et sur la prise en charge de la santé mentale dans la Nièvre : « Avec l’AAH (allocation adulte handicapé), on peut survivre mais on ne peut pas vivre. Quand on est jeune et qu’on a des problèmes, il faut toujours se battre. Je propose de mettre en place plus d’aides pour l’accès à l’emploi des plus fragiles, il faut aussi sensibiliser les entreprises nivernaises afin qu’elles offrent davantage de postes aux personnes en situation de handicap. Je suis capable comme n’importe qui. »
Les réunions publiques Imagine la jeunesse continuent. La prochaine se déroulera à Nevers au Café Charbon, mardi 2 avril à partir de 18 h. N’hésitez à prendre ce temps pour communiquer ouvertement sur vos besoins. Vous n’êtes pas seuls et vous pouvez être entendus.