Il y a celles et ceux qui pensent le territoire, celles et ceux qui participent à son économie, celles et ceux qui y étudient, y travaillent…
Mille façons d’approcher la Nièvre. L’imaginaire collectif stéréotypé sur les villes moyennes se construit en partie dans les instances médiatiques. Pour véritablement comprendre la ville moyenne, il faut s’y insérer et y vivre. Les médias évoquent la Nièvre comme un
espace creux, au milieu de la diagonale du vide, dans laquelle rien ne se passe. Les médias de masse centralisent l’ensemble de leurs
informations autour de la capitale : Paris. Le reste de la France passe à la trappe et la ruralité semble être souvent dénigrée.
Le 29 novembre 2018, Paris Match écrivait « À Nevers, il flotte comme un criminel parfum de gâchis ». Prête à tout, la journaliste a
dressé à cette ville un visage désastreux. L’article était d’ailleurs intitulé « Nevers, ville morte » sous-titrée « Belle endormie ». Victoire Boutron, journaliste, originaire de la Nièvre a publié un article dans Sparse Magazine en réaction à Paris Match quelques semaines plus tard. Dans son texte intitulé « Non, Nevers n’est pas mort », elle tente de déjouer les effets stéréotypés et néfastes qui décrivent un
département morne. Victoire Boutron apostrophe la journaliste Caroline Fontaine « Ici, l’avenir a baissé le rideau, (…) voici l’avenir qui se fait la malle. Pourtant, je vous assure que l’avenir se construit. Quelques jeunes prennent le pari de revenir dans leur terre natale pour voir s’épanouir leurs ambitions dans une ville qu’ils souhaitent voir vivre et vibrer. » Le droit de réponse est nécessaire pour réhabiliter les initiatives de la ville et ses habitants. Depuis 2018, la Nièvre n’a pas cessé de bouger et elle n’est pas près de s’arrêter.
A travers ces portraits de jeunes neversois et nervesoises, c’est l’image d’un département dynamique et en soif de projets qu’on découvre à travers la jeunesse de la Nièvre, cette « belle endormie ».
CLÉMENT BOUTILLON
Clément Boutillon est un designer produit de 28 ans, né à Nevers, il a vécu 10 ans à Paris. Il a créé sa collection de céramique depuis deux ans. Il est revenu l’an dernier dans cette ville pour ouvrir son atelier, Rue des Récollets, dans le centre historique de Nevers.
Pourquoi être revenu dans la Nièvre ?
Nevers permet de créer un projet financièrement abordable, j’avais la volonté d’ouvrir mon propre atelier, les prix parisiens sont trop importants pour un jeune comme moi. Le service de la ville de Nevers est dynamique, nous sommes soutenus par les métiers d’arts, l’espace de travail est accessible financièrement parlant. Le cadre de vie permet également de s’y sentir apaisé, les espaces sont aérés et spacieux.
Quels sont tes projets futurs ?
L’objectif serait de développer la production de pièces, en ayant accès à d’autres ateliers, espaces pour qu’il y est, un échange avec
d’autres créatifs. L’idée est donc de promouvoir l’artisanat à travers le coworking par exemple. Nevers rassemble beaucoup de créateurs mais tous sont dispersés, l’idée est de créer des espaces de rencontre pour constituer un groupe commun de travail. Je suis conscient de la chance que m’offre Nevers, il y a peu de risques dans la création d’un projet. Quand on a un projet qui doit commencer doucement, Nevers est une opportunité. J’arrive enfin à tourner la marque vers le national. Par la suite, Clément aimerait faire grandir
la marque pour développer l’atelier afin de recruter de nouvelles personnes. Il faut savoir que plusieurs locaux sont libres et facilement accessibles pour tout jeune voulant se lancer.
ANAÉ VOD
↳ Anaé Vod a 25 ans, elle est née dans la capitale et a toujours vécu dans la région parisienne. Elle est dans la Nièvre depuis mars où
elle occupe un emploi à la Fnac. Après une licence en cinéma à Paris, elle a travaillé pendant deux ans dans l’audiovisuel dans une boîte de production. Elle était monteuse, cadreuse pour des clips et de la publicité. Elle a créé Paravant une micro-entreprise dans la production, mais ça ne rapportait pas assez pour financer la vie parisienne. Plus tard, elle a été vendeuse dans les Grands Magasins à Paris « Je voulais vivre seule, être indépendante ». Et malgré un CDI en poche, on ne lui a proposé qu’un logement dans un foyer jeune. La fast fashion, ses conditions de travail, la vitesse de la ville l’ont convaincue de quitter Paris pour rejoindre la terre nivernaise.
Pourquoi être revenu dans la Nièvre ?
Une partie de ma famille habite à côté de la Charité mais je n’avais presque jamais mis les pieds à Nevers. Ici, je trouve surtout un
cadre de vie agréable contrairement à Paris où je n’ai rien pu obtenir. J’ai d’abord rencontré des difficultés pour trouver un travail.
Mais j’ai finalement signé un contrat à durée déterminée à la Fnac, qui a été prolongé.
Qu’est-ce que Nevers t’apporte ?
La question de la mobilité m’est tout de suite venue à l’esprit. Lorsque l’on vient à Nevers il faut s’acheter une voiture avant d’avoir
son premier salaire, il faut donc compter sur ses économies pour pouvoir se déplacer et être autonome. Le logement est vraiment moins cher ici et permet de vivre plus aisément et seule. Le calme est constant à Nevers. Des aides du département ont été créées pour les jeunes voulant passer le permis. C’est un réel besoin pour lequel il existe une solution concrète. La vie est peu chère mais l’accès aux loisirs au-delà du travail constitue également un enjeu de taille pour Anaé. Le cadre de vie, la possibilité de rencontrer
beaucoup de personnes en peu de temps, les événements qualitatifs font de Nevers une ville avec du caractère. Les événements culturels sont tous accessibles et familiaux. L’accès aux produits régionaux et de meilleure qualité est aussi une véritable force. Le retour à la nature qui est très proche du centre-ville permet toujours de se ressourcer. Depuis que je suis à Nevers, je trouve de nouveau du plaisir à revenir à Paris ou dans d’autres grandes villes. A l’avenir, Anaé aimerait changer de travail pour se tourner vers des valeurs plus humanistes, comme le métier d’assistante de vie scolaire par exemple. Ça aurait plus de sens pour moi, je sais qu’à Nevers il y aura cette possibilité.